L'Histoire de l'Indicatif HB9V - Du Premier Radioamateur aux Radioamateurs Vaudois

L'Histoire de l'Indicatif HB9V

L'indicatif HB9V possède une histoire riche et fascinante qui s'étend sur près de neuf décennies. Actif dès 1936 avec le radioamateur et innovateur Jacques Brocher, qui construisit le célèbre transceiver portable "Lilliput", jusqu'à sa réattribution en 2025 au Club des Radioamateurs Vaudois, cet indicatif a traversé l'histoire du radioamateurisme suisse. Cet article retrace le parcours complet de cet indicatif emblématique et explore le contexte historique du radioamateurisme en Suisse, des premiers pionniers de 1911 jusqu'à l'infrastructure moderne d'aujourd'hui.

Le Contexte Historique : Les Débuts du Radioamateurisme en Suisse

Les Premières Années (1911-1926)

L'histoire du radioamateurisme en Suisse débute aux environs de 1911, à une époque où les premiers essais d'émission ont lieu sans base légale ni contrôle des autorités. Les premiers indicatifs, non officiels, apparaissent sur les ondes et sont choisis librement par les opérateurs eux-mêmes. C'était une période d'expérimentation pure où la passion pour la radiocommunication primait sur la réglementation.

Une première loi sur la télégraphie et la téléphonie entre en vigueur le 1er janvier 1924, introduisant enfin une autorisation d'émission officielle. Cette réglementation marque un tournant décisif pour le radioamateurisme suisse, faisant passer l'activité d'un hobby non encadré à un service officiellement reconnu.

Point historique majeur : La première concession officiellement attribuée en Suisse date du 30 avril 1926. Heinrich Degler obtient l'indicatif H9XA (qui deviendra plus tard HB9A) et devient ainsi le premier radioamateur licencié du pays. Il fondera par la suite l'USKA (Union Suisse des Amateurs d'Ondes Courtes), l'organisation nationale qui représente encore aujourd'hui les radioamateurs suisses.

L'Évolution des Indicatifs : De H9 à HB9

En 1929, un changement important intervient dans le système d'identification des radioamateurs suisses. Le passage des indicatifs de H9Xx à HB9x pour les radioamateurs (et de H9Rn à HBRn pour les radioécouteurs) s'effectue cette année-là, conformément à la Convention radiotélégraphique internationale de Washington de 1927. Cette convention redéfinit également les bandes de fréquences disponibles pour les radioamateurs au niveau mondial.

Le préfixe HB : Le préfixe "HB" vient de "Helvetischer Bund" (Confédération Helvétique en allemand), représentant officiellement la Suisse dans le système international des indicatifs radioamateurs. Ce préfixe est utilisé depuis 1929 et reste en vigueur aujourd'hui pour tous les radioamateurs suisses.

À cette époque, la Suisse compte seulement 10 radioamateurs licenciés officiellement, bien que de nombreux écouteurs soient actifs. L'activité radioamateur se développe principalement en Suisse romande, et particulièrement à Lausanne, qui devient un véritable centre d'innovation radioamateur.

Selon une notice publiée dans le T. & R. Bulletin de la Radio Society of Great Britain d'août 1929, envoyée par XHB9MQ : "Les conditions pour le trafic radioamateur dans notre pays sont très difficiles, très peu de stations étant en possession d'une licence officielle. Parmi les licenciés, HB9D (Zurich) opère en téléphonie sur 41.5 mètres, HB9F (Lausanne), qui est d'ailleurs une femme, HB9Y et HB9G (aussi de Lausanne) sont les plus actifs."

Cette observation historique révèle non seulement la prépondérance de Lausanne dans le radioamateurisme suisse des années 1920, mais aussi la présence remarquable d'une femme radioamateur à une époque où cette activité était très majoritairement masculine.

Les Pionniers Suisses

Parmi les pionniers notables du radioamateurisme suisse, plusieurs personnalités ont marqué l'histoire :

Heinrich Degler (HB9A)

Premier radioamateur licencié de Suisse (30 avril 1926) et fondateur de l'USKA. Son indicatif HB9A est l'un des plus anciens et prestigieux de Suisse.

Madeline Moret (HB9F)

La Lausannoise obtient la huitième concession de radioamateur le 1er mai 1927. Elle est également une personnalité reconnue de la lutte féministe en Suisse.

HB9D (Zurich)

Pionnier de la téléphonie radioamateur, opérant sur 41.5 mètres (environ 7.3 MHz) dès les années 1920.

HB9Y et HB9G (Lausanne)

Parmi les stations les plus actives dans les années 1920, contribuant à faire de Lausanne un centre majeur du radioamateurisme romand.

Jacques Brocher (HB9V) : Portrait d'un Pionnier (1903-1987)

Les Débuts d'un Passionné (1919-1931)

Jacques Brocher, surnommé affectueusement "Valentine" dans le milieu radioamateur, est né en 1903. En 1919, âgé de seulement 16 ans, il est mordu par la radio. Il construit son premier poste à galène et capte les signaux horaires de la Tour Eiffel en utilisant une antenne à 4 brins, longs de 120 mètres. Cette antenne imposante témoigne de sa détermination et de son ingéniosité précoce.

Dès le début, il prend part aux nombreuses expériences pratiques dans le domaine de la radio : les premiers balbutiements des émissions de Radio-Lausanne, ceux du premier émetteur de la S.D.N. (Société des Nations) qui devient très rapidement - une fois déplacé à l'aérodrome de Cointrin - l'émetteur de Radio-Genève.

1921 : Fondation du Radio-Club Genevois À seulement 18 ans, Jacques Brocher fonde le Radio-Club Genevois, qui deviendra plus tard le club HB9G. Il prend également une part active à l'organisation de la première exposition de radio à Genève, marquant ainsi profondément l'histoire du radioamateurisme suisse romand.

Il quitte ensuite Genève pour Zurich où il poursuit ses études. Le microbe de la radio l'accompagne et c'est ainsi qu'il construit un cadre sur la paroi de sa chambre la mieux orientée, pour écouter dans ses moments de loisirs, la station locale de Hönngg et les émissions en provenance d'autres régions.

L'Épreuve et la Persévérance (1927-1931)

En 1927, un accident au cours de son école d'aspirant l'oblige à se soigner en altitude pendant plus de quatre ans. Cette période difficile se transforme en opportunité : il a alors le temps de se remettre à la radio et au "bricolage". Il construit plusieurs postes récepteurs à réaction au moyen des tubes A415 et B409.

Puis, après quelques brèves tentatives d'émission, il se met à l'étude du morse tout en affinant ses connaissances théoriques de radio-électricité. Il se présente à l'examen de radioamateur et reçoit le 1er avril 1931 l'acte de concession et l'indicatif HB9V.

L'origine du surnom "Valentine" : Le suffixe "V" de son indicatif HB9V évoquait "Valentine", en référence à la chanson que venait de créer Maurice Chevalier. Ce surnom restera attaché à Jacques Brocher tout au long de sa carrière radioamateur, devenant aussi célèbre que son indicatif lui-même.

L'Âge d'Or et l'Engagement (1932-1939)

En 1932, sa santé rétablie, il quitte la montagne et retourne à Genève. Il reprend toute son activité et suit, comme station officielle, l'expédition stratosphérique du Professeur Auguste Piccard, le célèbre physicien et explorateur suisse.

La même année, il est nommé membre du comité directeur de la Société des Émissions de Radio-Genève, et de la Société des Amis de Radio-Genève.

1933 : Président Fondateur HB9G

Lance l'initiative pour créer le Groupement Genevois des Amateurs sur Ondes Courtes, devenu peu après la Section Genevoise de l'USKA, et en assure la fonction de premier président.

1933 : Action Romande

Sur l'instigation d'Otto Ess (HB9AE), il fonde l'Action Romande pour la Radio aux Aveugles et Invalides nécessiteux, qu'il dirigera jusqu'en 1967.

1933 : Innovation Auto-Radio

Prend une part très active à la création des rallyes Auto-Radio, innovant dans l'utilisation mobile de la radio.

1934 : Président Central USKA

L'Assemblée Générale de l'USKA à Bâle lui confie la tâche de président central de l'organisation nationale.

Il est également nommé vice-président à la Fondation de la Maison Genevoise de la Radio et devient délégué au Radio-Verband (Fédération Suisse des Amateurs de Radio), dont il devient rapidement membre du Comité.

C'est durant cette période qu'il mène ses expériences les plus audacieuses : expéditions radio en bateau, en avion, à skis, en montagne. C'est dans ce contexte qu'il développe son fameux transceiver portable "Lilliput".

Le Transceiver "Lilliput" (1936)

En 1936, Jacques Brocher conçoit et construit un équipement portable remarquable : le transceiver "Lilliput". Cet appareil, décrit dans le magazine OLD MAN de juin 1936, représente une prouesse technique pour l'époque. Il participe notamment au National Mountain Day de 1935, un événement pionnier de radiocommunications en montagne.

Le transceiver Lilliput de Jacques Brocher HB9V (1936)
Le transceiver portable "Lilliput" construit par Jacques Brocher (HB9V) en 1936 - Un émetteur-récepteur révolutionnaire pour l'époque
Caractéristiques techniques du "Lilliput" : L'émetteur "Lilliput" de HB9V se présente sous la forme d'un petit coffret en plaques d'aluminium, verni noir craquelé, entièrement clos. Mesurant 177 mm de haut sur 135 mm de large et 88 mm de profondeur, il est contenu dans une boîte en cuir dont l'épaisseur épouse exactement la forme intérieure. L'espace laissé libre par l'avancement inférieur de l'appareil était utilisé pour le logement des accessoires. Le poids total de cette station QRPP portable était de deux kilos, y compris la lampe, les six piles d'alimentation, le fil d'antenne, le casque et le manipulateur. Le tout pesait exactement 2 kg 189 grammes (57 décligrammes).
Jacques Brocher avec sa station portable en 1936
Jacques Brocher (HB9V) avec sa station portable lors du National Mountain Day en 1936

Le "Lilliput" est un transceiver (transciver en français de l'époque), c'est-à-dire un montage émetteur-récepteur combiné. Cette conception était particulièrement innovante pour l'époque, offrant une portabilité exceptionnelle pour les opérations en extérieur et en montagne.

Records et Liaisons Remarquables

Record européen sur 56 MHz (1936) : HB9AO a été entendu à Darmstadt près de Worms sur 56 m/s. Voici ce qu'il rapporte : utilisant la recrudescence de l'activité solaire, il a monté un récepteur sensible pour 5 mètres et équipé pour la même longueur d'onde le dernier étage de son émetteur. De nombreuses harmoniques ont été entendues à partir de 50 m/s et 60 m/s, et quelques amateurs français, mais sans pouvoir réaliser de QSO DX. Via le DASD et l'USKA, la carte de DE21T9T a mis 4 mois pour parvenir à HB9AO le 29 juillet 1936 à 1357 qsa 2BT2. Le QRB était d'environ 500 km.

Des liaisons exceptionnelles ont été réalisées par HB9V et HB9BW en 1938, démontrant les capacités remarquables des équipements portables de l'époque. Ces expérimentations sur les bandes VHF étaient particulièrement audacieuses pour les années 1930.

Vue détaillée du transceiver HB9V
Vue détaillée du transceiver "Lilliput" HB9V - Construction soignée typique de l'artisanat radioamateur des années 1930

La Guerre et l'Interruption Forcée (1939-1964)

1939 : c'est la guerre. Jacques Brocher se trouve dans la même situation que tous les radioamateurs suisses. Son matériel radio est séquestré par les autorités et pendant environ 25 ans, il abandonne son activité de radioamateur. Cette interruption forcée représente un sacrifice majeur pour quelqu'un d'aussi passionné et actif.

Pendant cette longue période d'absence des ondes, il ne reste pas inactif :

  • 1950 : Il s'intéresse à la télévision et préside le Comité Genevois pour la Télévision
  • 1954 : Il est délégué à la Commission Fédérale pour l'étude des questions culturelles se rapportant à la Télévision

Le Retour aux Ondes (1966-1987)

1966 : le virus réapparaît ! Après un quart de siècle d'absence, Jacques Brocher reprend du service sur les ondes. Il trafique dans les bandes 145 MHz (2 mètres) et décamétriques (ondes courtes). Il participe régulièrement au QSO des Cheveux Gris jusqu'à la fin novembre 1987, retrouvant la camaraderie et la passion qui l'avaient toujours animé.

7 décembre 1987 : Jacques Brocher nous quitte Notre ami Jacques Brocher décède le 7 décembre 1987 à l'âge de 84 ans. Pour les radioamateurs, il était mieux connu sous son indicatif HB9V ou mieux encore, avec le surnom affectueux de "Valentine". Il laisse derrière lui un héritage considérable : fondateur du Radio-Club Genevois (futur HB9G), président central de l'USKA, innovateur technique, et pionnier du radioamateurisme portable.

Au nom de la Section Genevoise de l'USKA, de tous les amateurs de Suisse et des pays voisins, Henri Besson (HB9FF) lui rendit un hommage émouvant : "Après une intense activité, nous garderons de lui un souvenir ému et durable."

Le Club HB9G et la Succession des Présidents

Le Club des Radioamateurs Genevois (HB9G) a été fondé en 1934 et reste l'un des clubs radioamateurs les plus anciens et les plus prestigieux de Suisse. La succession des présidents du club témoigne de la continuité remarquable de l'activité radioamateur à Genève à travers les décennies :

1934 - 1937

Marcel Roesgen (HB9AN) - Premier président fondateur. Pionnier de la radio portable, connu pour son installation dans la Cabane du Carroz près de St-Cergue lors du premier National Mountain Day en 1935.

1938 - 1939

Jules W. Brun (HB9AM)

1940 - 1941

Ernest Borgstedt (HE9RBZ) - Période de début de guerre

1942

Jacques Brocher (HB9V) - Président pendant la Seconde Guerre mondiale

1943 - 1945

Gérard de Buren (HB9AW) - Fin de la guerre

1946 - 1960

Henri Besson (HB9FF) - La plus longue présidence du club (14 ans)

1961 - 1968

Edouard Maeder (HB9GM)

2016 - 2023

Lars Nef (HB9VBE)

2024

Eric Pampaloni (HB9EOY) - Président actuel

Le Contexte des Années 1930-1940 : Innovation et Contraintes

Les années 1930 représentent une période d'innovation intense pour le radioamateurisme. Jacques Brocher illustre parfaitement cet esprit pionnier avec ses constructions portables et ses expérimentations sur les bandes VHF. La construction de stations QRPP (très faible puissance) portatives fascinait les radioamateurs de l'époque, permettant des communications sur de longues distances avec des moyens extrêmement limités.

L'émetteur "Lilliput" utilisait une triode américaine de type 30, fonctionnant aussi bien à l'émission qu'à la réception sous 30 volts à la plaque. Sur le courant de plaque à l'émission est de 2.5 mA exactement, ce qui conduit à une puissance de soixante quinze milliwatt. Malgré cette puissance infime, les résultats étaient remarquables. Des liaisons d'une cinquantaine de kilomètres ont été effectuées par HB9V et HB9AW avec une sûreté absolue.

Contexte technique des années 1930 : Les radioamateurs de cette époque devaient construire eux-mêmes leurs équipements. L'alimentation parallèle avec couplage d'antenne en Oudin-Bourne était une technique de pointe. La lampe utilisée (triode 30) était chauffée directement, et le chauffage était assuré par un petit transformateur pour lampe de poche du type dit "incassable". Cette ingéniosité dans la construction avec des moyens limités caractérisait le radioamateurisme de l'époque.

Les Années de Guerre (1940-1945)

Les années 1940 représentent une période cruciale et difficile pour le radioamateurisme mondial. Pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux pays ont suspendu ou strictement réglementé l'activité radioamateur pour des raisons de sécurité nationale. En Suisse, bien que le pays soit resté neutre, les radioamateurs devaient respecter des règles strictes concernant leurs émissions, les fréquences autorisées et les contenus de leurs communications.

C'est dans ce contexte que Jacques Brocher a obtenu l'indicatif HB9V et présidé le club HB9G. Les radioamateurs de l'époque faisaient preuve d'une grande résilience, maintenant leur activité malgré les contraintes et contribuant parfois aux efforts de surveillance des communications.

À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, des indicatifs en HB7 sont brièvement utilisés à des fins d'essais. Une trentaine de stations participent à ces tests qui permettent la reprise progressive du service radioamateur après les années de guerre. Le préfixe HB7 sera à nouveau utilisé en 1979 à l'occasion du cinquantenaire de l'USKA, permettant aux radioamateurs de remplacer temporairement le "9" de leur indicatif par un "7".

Note historique intéressante : Vers 1947, de mystérieuses "Fabriklizenzen" (licences de fabricant) sont attribuées avec un préfixe HB8. Ces licences semblent avoir été attribuées à des constructeurs d'équipements radio. On dénombre 18 concessions d'émission de "fabricants" sous la forme HB8Vx en 1947, toutes situées en Suisse allemande. Les indicatifs HB8Wx apparaissent également cette même année. En 1948, on compte 184 licences d'amateurs et 24 licences HB8 attribuées à des fabricants ou revendeurs de matériel radio.

L'Évolution du Système d'Indicatifs en Suisse

Les Différentes Catégories d'Indicatifs

Le système suisse d'indicatifs radioamateurs a considérablement évolué au fil des décennies pour s'adapter à la croissance du nombre de radioamateurs et aux différents niveaux de licence. Voici les principales catégories qui ont existé ou existent encore :

HB9x (1929-1932)

Les premiers indicatifs courts à une lettre pour les pionniers licenciés. Très prestigieux et rares aujourd'hui.

HB9xx

Indicatifs à deux lettres pour les licences complètes, distribués chronologiquement.

HB9xxx

Format actuel pour les licences complètes avec trois lettres. C'est le format standard depuis les années 1980.

HB3xxx (depuis 2000)

Licence "novice" à puissance limitée (100W), permettant l'accès aux bandes VHF/UHF et certaines bandes HF.

HB4

Préfixe réservé aux stations militaires suisses.

HE9

Indicatifs attribués par l'USKA aux radioécouteurs (SWL) sans autorisation d'émission, existant depuis au moins 1960.

Les Années 1960-1980 : Deux Niveaux de Licence

À partir de 1967 environ, deux types de concessions coexistent en Suisse, créant une distinction claire entre les radioamateurs selon leurs compétences et leurs privilèges :

Les deux types de concessions :
  1. La concession "complète" (HB9Axx) : Permettant l'utilisation des ondes courtes, attribuée à l'issue d'un examen de radiotélégraphiste incluant obligatoirement la maîtrise du code morse. Cette licence donnait accès à toutes les bandes de fréquences radioamateurs.
  2. La concession "technicien" (HB9Mxx puis HB9Pxx) : Permettant l'émission uniquement sur les bandes VHF (144MHz) et UHF (430MHz), sans exigence de morse. Cette licence était plus accessible mais limitée en termes de fréquences autorisées.

Durant cette période, les indicatifs sont distribués dans l'ordre alphabétique strict, ce qui permet de situer approximativement leur date de mise en service. Par exemple, la série HB9Dxx correspond aux années 1980. Ce système chronologique facilitait l'identification de l'ancienneté relative des radioamateurs.

Modernisation du Système (1987-Aujourd'hui)

En 1987, une réorganisation importante a lieu avec de nouvelles prescriptions d'exploitation et de concession des P.T.T. (Postes, Téléphones et Télégraphes). Les indicatifs sont alors distribués par l'une des 17 Directions d'Arrondissement des Téléphones (DAT) régionales, décentralisant ainsi la gestion des licences.

Chaque DAT attribue les indicatifs selon une logique spécifique : les lettres de la première moitié de l'alphabet sont réservées pour les licences complètes (niveaux 1 et 2) et les lettres de la seconde moitié pour les licences limitées (niveaux 3 et 4).

En 1995, la gestion des indicatifs est reprise par l'OFCOM (Office Fédéral de la Communication), qui devient l'autorité de tutelle unique du spectre radioélectrique pour toute la Suisse. Cette centralisation améliore la cohérence et l'efficacité du système d'attribution.

Réforme majeure de 2003 : L'obligation de maîtrise du code morse a été supprimée pour l'examen de radioamateur (licence complète HB9) en 2003. Cette décision historique modernise l'accès au hobby, aligne la Suisse sur les pratiques internationales et permet à de nouveaux radioamateurs d'accéder aux ondes courtes sans l'apprentissage du morse, tout en préservant cette compétence traditionnelle pour ceux qui souhaitent l'acquérir.

Indicatifs Spéciaux et Temporaires

Au fil des ans, plusieurs préfixes spéciaux ont été utilisés de manière temporaire pour célébrer des événements particuliers :

  • HB7 (1945 et 1979) : Utilisé après la guerre pour les tests de reprise, puis en 1979 pour le cinquantenaire de l'USKA
  • HB2 (2000) : Préfixe spécial pour célébrer le passage en l'an 2000
  • HE7 (1991) : Utilisé pour fêter le 700e anniversaire de la Confédération suisse
  • HE3RSI (2004) : Première utilisation du préfixe HE3 pour l'activation de l'antenne RSI du site de Sottens
  • HE1TELE (2005) : Attribué aux radioamateurs valaisans pour le Téléthon

La Réattribution de HB9V au Club des Radioamateurs Vaudois (2025)

Un Indicatif Historique Retrouve Vie

Après plus de huit décennies d'existence et probablement une longue période d'inactivité, l'indicatif HB9V a été officiellement réattribué en 2025 au Club des Radioamateurs Vaudois. Cette réattribution marque un moment historique pour le radioamateurisme vaudois et crée un lien direct avec le patrimoine radioamateur suisse.

Attribution officielle par l'OFCOM : L'indicatif HB9V a été obtenu auprès de l'Office Fédéral de la Communication (OFCOM) en 2025, permettant au club vaudois de disposer d'un indicatif court et prestigieux, reflétant son rôle important dans le canton de Vaud et dans la communauté radioamateur suisse romande.

Signification et Symbolisme de HB9V

Le choix de réattribuer l'indicatif HB9V au club vaudois n'est pas anodin et porte plusieurs niveaux de signification :

HB9 : Licence Complète

Le préfixe HB9 identifie la Suisse et indique une licence complète avec accès à toutes les bandes et privilèges.

V : Vaud et Vaudois

La lettre "V" évoque naturellement le canton de Vaud et les Radioamateurs Vaudois, créant une identité claire et mémorable.

Héritage Historique

Connexion directe avec l'histoire radioamateur depuis Jacques Brocher en 1942, préservant la mémoire de 85 ans d'activité.

Simplicité et Prestige

Un indicatif court à une seule lettre est rare et prestigieux, facilement mémorisable et reconnaissable sur les bandes.

L'Infrastructure HB9V Aujourd'hui

Avec l'indicatif HB9V, le club développe une infrastructure radioamateur moderne et complète dans le canton de Vaud, embrassant à la fois les technologies traditionnelles et les innovations numériques les plus récentes :

  • Répéteurs VHF/UHF : Stations relais pour la phonie analogique (FM) et les modes numériques C4FM, et Wires-X couvrant la région Lausannoise et ses environs
  • Réflecteurs YSF : Serveurs Yaesu System Fusion pour connecter les radioamateurs en mode numérique à travers la Suisse et le monde
  • Passerelles multiprotocoles : Systèmes XLX et MMDVM permettant l'interconnexion entre différents modes numériques (DMR, YSF, D-STAR, P25)
  • Site web technique (hb9v.ch) : Plateforme complète avec tutoriels détaillés, guides d'installation et documentation technique en français
  • Activités régulières : QSO de section, divers événements et sorties
Développement en cours : L'infrastructure HB9V continue d'évoluer avec de nouveaux projets en développement, incluant l'expansion de la couverture des répéteurs, l'ajout de nouvelles passerelles numériques et la création de contenus pédagogiques pour faciliter l'accès au radioamateurisme moderne.

Le Radioamateurisme Vaudois : Une Tradition Continue

Lausanne, Berceau du Radioamateurisme Romand

Il est important de souligner que Lausanne et le canton de Vaud ont joué un rôle absolument central dans le développement du radioamateurisme en Suisse romande dès les années 1920. Les indicatifs HB9Y, HB9G et HB9F (Madeline Moret) à Lausanne étaient parmi les plus actifs dans les années pionnières, contribuant significativement aux expérimentations techniques et aux premières liaisons longue distance.

Cette tradition d'innovation et d'excellence technique se perpétue aujourd'hui avec le Club des Radioamateurs Vaudois sous l'indicatif HB9V. Le club continue de promouvoir activement l'activité radioamateur dans la région, de former de nouvelles générations de radioamateurs et de maintenir une infrastructure de qualité au service de la communauté.

Les Activités du Club HB9V

Le club moderne HB9V perpétue l'esprit des pionniers à travers une grande variété d'activités qui touchent tous les aspects du radioamateurisme :

Formation et Enseignement

Le club HB9V ne propose actuellement pas de cours de préparation aux examens HB3 et HB9. Ces formations sont assurées par le club HB9MM, qui organise des sessions complètes avec support théorique et pratique adapté à tous les niveaux.

Ateliers Techniques

Sessions pratiques sur les antennes, la propagation, les modes numériques, la construction de matériel et le dépannage.

Infrastructure et Maintenance

Développement, maintenance et amélioration continue des répéteurs, réflecteurs et systèmes numériques du canton.

Documentation en Français

Création de tutoriels techniques détaillés en français pour les systèmes radioamateurs, comblant le manque de ressources francophones.

Événements et Contests

Le club participera à des contests nationaux et internationaux. Organisation d'événements et de sorties pour visiter des conventions radioamateurs en Europe, notamment Friedrichshafen, l'une des plus grandes conventions Ham Radio au monde.

Communauté Active

QSO de section réguliers, rencontres conviviales, échanges d'expériences et entraide entre membres de tous niveaux.

Chronologie Complète de l'Indicatif HB9V

Voici la chronologie détaillée qui retrace l'évolution de l'indicatif HB9V dans le contexte plus large de l'histoire du radioamateurisme suisse :

1911

Début du radioamateurisme en Suisse, sans cadre légal. Les premiers expérimentateurs choisissent librement leurs indicatifs.

1924 - 1er janvier

Première loi sur la télégraphie et la téléphonie entre en vigueur, introduction des autorisations d'émission officielles.

1919

Jacques Brocher, âgé de 16 ans, construit son premier poste à galène et capte les signaux horaires de la Tour Eiffel

1921

Jacques Brocher fonde le Radio-Club Genevois (futur HB9G) à l'âge de 18 ans

1926 - 30 avril

Heinrich Degler obtient le premier indicatif officiel suisse : H9XA (deviendra HB9A). Il fondera plus tard l'USKA.

1927 - 1er mai

Madeline Moret obtient la huitième concession suisse avec l'indicatif H9XF (deviendra HB9F), devenant une pionnière féminine du radioamateurisme.

1929

Passage historique des indicatifs H9Xx à HB9x pour les radioamateurs suisses. Introduction officielle du préfixe "HB" pour la Confédération Helvétique. La Suisse compte 10 radioamateurs licenciés.

1931 - 1er avril

Jacques Brocher reçoit son acte de concession et l'indicatif HB9V - "V comme Valentine"

1932

Publication de la première liste officielle d'une vingtaine d'indicatifs HB9x. Jacques Brocher suit comme station officielle l'expédition stratosphérique du Professeur Auguste Piccard.

1933

Jacques Brocher lance le Groupement Genevois des Amateurs sur Ondes Courtes (future section HB9G de l'USKA) et en devient le premier président

1934

Jacques Brocher est élu président central de l'USKA lors de l'Assemblée Générale à Bâle

1936

Jacques Brocher construit le transceiver portable "Lilliput" avec l'indicatif HB9V - Participation au National Mountain Day. Publication dans OLD MAN.

1938

Liaisons remarquables réalisées par HB9V et HB9BW sur les bandes VHF

1942

Jacques Brocher (HB9V) devient président du club HB9G - Présidence en pleine Seconde Guerre mondiale

1939

Début de la Seconde Guerre mondiale. Le matériel radio de Jacques Brocher est séquestré, comme celui de tous les radioamateurs suisses.

1945

Fin de la Seconde Guerre mondiale. Utilisation temporaire du préfixe HB7 pour les tests de reprise de l'activité radioamateur (environ 30 stations participent).

1947

Attribution des mystérieuses "Fabriklizenzen" (licences de fabricants) avec préfixe HB8. On compte 18 concessions HB8Vx, toutes en Suisse allemande.

1950

Jacques Brocher s'intéresse à la télévision et préside le Comité Genevois pour la Télévision

1954

Délégué à la Commission Fédérale pour l'étude des questions culturelles se rapportant à la Télévision

1966

Jacques Brocher reprend l'activité radioamateur après 25 ans d'interruption. Il trafique sur 145 MHz et les bandes décamétriques.

1967

Introduction des deux types de concessions : complète (HB9Axx avec morse) et technicien (HB9Mxx puis HB9Pxx, VHF/UHF uniquement).

1979

Cinquantenaire de l'USKA : utilisation spéciale du préfixe HB7 (les radioamateurs peuvent remplacer le "9" de leur indicatif par un "7").

1987 - 7 décembre

Décès de Jacques Brocher (HB9V) à l'âge de 84 ans - Après une vie consacrée au radioamateurisme et à l'innovation technique

1987

Réorganisation majeure du système d'attribution des indicatifs. Distribution par les 17 Directions d'Arrondissement des Téléphones (DAT) régionales.

1991

700e anniversaire de la Confédération suisse : utilisation du préfixe spécial HE7.

1995

L'OFCOM (Office Fédéral de la Communication) prend en charge la gestion centralisée des indicatifs pour toute la Suisse.

2000

Introduction de la licence "novice" HB3xxx à puissance limitée (100W), facilitant l'accès au radioamateurisme. Utilisation du préfixe HB2 pour célébrer le passage en l'an 2000.

2003

Suppression historique de l'obligation de maîtrise du code morse pour la licence complète HB9, alignant la Suisse sur les pratiques internationales modernes.

2025

Réattribution officielle de l'indicatif HB9V au Club des Radioamateurs Vaudois par l'OFCOM - Après 89 ans, l'indicatif retrouve vie et perpétue son héritage historique.

Conclusion : Un Héritage Vivant

L'histoire de l'indicatif HB9V est intimement liée à l'évolution du radioamateurisme en Suisse, reflétant plus de cent ans de passion pour la radio et les communications. De Jacques Brocher qui construisait son transceiver "Lilliput" en 1936 et présidait le club HB9G en pleine Seconde Guerre mondiale en 1942, jusqu'à sa réattribution au Club des Radioamateurs Vaudois en 2025, cet indicatif incarne près de neuf décennies d'innovation technique, de camaraderie et d'exploration des possibilités offertes par les ondes radio.

Ce parcours historique nous rappelle que le radioamateurisme a toujours été une activité résiliente, capable de s'adapter aux changements technologiques, aux évolutions réglementaires et aux défis de chaque époque. Des premiers pionniers qui construisaient leurs émetteurs à lampes dans les années 1920, aux radioamateurs modernes qui explorent les modes numériques sophistiqués et les liaisons par satellites, l'esprit d'expérimentation et de découverte demeure intact.

L'esprit pionnier perdure : Comme les premiers radioamateurs suisses des années 1920 qui expérimentaient avec des équipements qu'ils construisaient eux-mêmes, souvent sans même posséder de licence officielle, les membres du club HB9V d'aujourd'hui continuent d'explorer les nouvelles technologies, de partager généreusement leurs connaissances et de repousser les limites de la communication radio. Cette continuité dans l'innovation et l'entraide définit l'essence même du radioamateurisme.

Aujourd'hui, HB9V représente bien plus qu'un simple indicatif technique. C'est un symbole de l'héritage radioamateur vaudois et suisse, un pont entre les pionniers d'hier et les innovateurs de demain. C'est aussi une communauté active, accueillante et dynamique qui continue de promouvoir l'expérimentation technique, l'apprentissage continu, les échanges internationaux et les valeurs de partage qui caractérisent le radioamateurisme depuis ses origines.

Le canton de Vaud, et particulièrement Lausanne, qui fut un centre névralgique du radioamateurisme suisse dès les années 1920 avec des pionniers comme Madeline Moret (HB9F), maintient cette tradition d'excellence. L'infrastructure moderne développée par HB9V depuis 2025, combinant répéteurs analogiques et numériques, réflecteurs YSF, passerelles multiprotocoles et documentation technique de qualité, témoigne de cette continuité dans l'innovation.

L'indicatif HB9V continuera d'évoluer avec son temps, embrassant les technologies futures tout en préservant l'esprit d'innovation, de camaraderie et de service qui a toujours caractérisé le radioamateurisme. Que vous soyez un radioamateur expérimenté cherchant à renouer avec vos racines, un passionné de technique attiré par les communications radio, ou simplement un curieux intéressé par ce hobby fascinant, l'histoire de HB9V vous invite à découvrir ou redécouvrir la magie des ondes radio.

Pour les nouvelles générations de radioamateurs, HB9V représente une opportunité unique de s'inscrire dans une tradition centenaire tout en participant à l'avenir des communications. Dans un monde de plus en plus connecté par Internet et les technologies numériques, le radioamateurisme offre une alternative unique : la possibilité de communiquer directement, sans infrastructure intermédiaire, en exploitant les phénomènes naturels de propagation des ondes radio pour établir des liaisons à travers continents et océans.

Ressources et Références

Pour Aller Plus Loin

Si cet article a éveillé votre intérêt pour l'histoire du radioamateurisme ou pour l'activité elle-même, voici quelques ressources utiles :

  • Site officiel HB9V : hb9v.ch - Tutoriels techniques détaillés, informations sur le club, calendrier d'activités
  • OFCOM : Office Fédéral de la Communication - Réglementation suisse, informations sur les examens, plan de bandes
  • USKA : Union Suisse des Amateurs d'Ondes Courtes - Organisation nationale, cours de préparation, revue technique
  • Archives historiques : T. & R. Bulletin de la Radio Society of Great Britain (archives des années 1920-1930)

Comment Devenir Radioamateur en Suisse

Si cet article vous a donné envie de rejoindre la communauté radioamateur et de contribuer à écrire la suite de cette histoire, voici les étapes pour obtenir votre propre indicatif :

Le parcours pour devenir radioamateur :
  1. Contactez un club local : Rapprochez-vous du club HB9V pour le canton de Vaud, ou d'un autre club de votre région. Les clubs organisent régulièrement des journées portes ouvertes et des démonstrations.
  2. Suivez des cours de préparation : Participez aux cours organisés par l'USKA ou les clubs régionaux. Ces formations couvrent la théorie électrique, la réglementation, la technique radio et les procédures opérationnelles.
  3. Choisissez votre niveau de licence : Licence HB3 (novice, 100W) pour commencer, ou directement HB9 (complète, 1000W) si vous souhaitez tous les privilèges dès le départ.
  4. Passez l'examen OFCOM : L'examen se déroule à Bienne et couvre les connaissances techniques et réglementaires. Aucune épreuve de morse n'est plus requise depuis 2003.
  5. Recevez votre indicatif personnel : Une fois l'examen réussi, l'OFCOM vous attribue votre indicatif unique (HB3xxx ou HB9xxx selon votre licence).
  6. Commencez vos QSO : Lancez-vous dans l'aventure ! Contactez d'autres radioamateurs, participez aux activités du club, expérimentez différents modes et bandes de fréquences.
Bon à savoir pour les futurs radioamateurs : Aucune formation technique préalable n'est nécessaire pour devenir radioamateur. La motivation et la passion pour la radio sont les seuls vrais prérequis. De nombreux radioamateurs actuels n'avaient aucune formation technique au départ et ont tout appris grâce aux cours, à la pratique et au soutien de la communauté. Le radioamateurisme est accessible à tous les âges, de l'adolescence à la retraite, et à toutes les professions. Ce qui compte, c'est l'envie d'apprendre et de communiquer !